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6 bonnes raisons de ne PAS souscrire de prĂȘt en devise

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    Avec des taux d’intĂ©rĂȘt au plus bas, un taux de change franc suisse euro trĂšs favorable pour ceux qui sont payĂ©s en francs suisses et des prix de l’immobilier qui commencent Ă  baisser, la pĂ©riode semble plus que jamais propice Ă  l’achat d’un bien immobilier en France quand on perçoit un salaire en francs suisses.

    Les frontaliers et rĂ©sidents en Suisse qui souhaitent acheter un bien immobilier en France auront, pour la plupart, le mĂȘme rĂ©flexe : souscrire un prĂȘt en devise (un prĂȘt en franc suisse) pour le financement d’un bien immobilier, car celui-ci permet, selon les banques, de rĂ©duire le risque de change (l’emprunt est dans la mĂȘme devise que les revenus) et parce que les taux d’intĂ©rĂȘt des prĂȘts en francs suisses sont, historiquement, plus attractifs que les taux d’intĂ©rĂȘt des prĂȘts en euro.

    Toutefois, l’avantage financier ne doit pas ĂȘtre le seul critĂšre Ă  prendre en compte, car le prĂȘt en devise comporte un certain nombre de risques dont les frontaliers n’ont pas toujours conscience.

    Et si on cumule l’ensemble de ces risques, avec un environnement de taux bas, on peut sĂ©rieusement se demander si le prĂȘt en devise est le plus intĂ©ressant, et si un prĂȘt en euro “classique” n’est pas prĂ©fĂ©rable. Voici en tous les cas 6 bonnes raisons de pas souscrire un prĂȘt en devise quand les taux sont trĂšs bas.

    Raison #1 – A la revente du bien, le risque de taux de change est rĂ©el

    J’avais dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© la problĂ©matique des risques du prĂȘt en devise pour les frontaliers dans un article en 2013. A l’époque, l’environnement n’était pas le mĂȘme (les taux d’intĂ©rĂȘt Ă©taient dĂ©jĂ  bas, mais le taux de change euro franc suisse Ă©tait diffĂ©rent, le taux plancher imposĂ© par la BNS Ă©tait Ă  l’époque en place), mais les mĂ©canismes qui mĂšnent Ă  un problĂšme de dĂ©faillance sont restĂ©s les mĂȘmes : la sĂ©paration ou le divorce quand on a achetĂ© ensemble un bien immobilier, le chĂŽmage, et la variation du taux de change EUR CHF.

    Quand on souscrit un prĂȘt en devises (en francs suisses), il faut comprendre qu’on anĂ©antit le risque de change dans les remboursements mensuels du prĂȘt, mais que ce risque est reportĂ© au moment de la revente, lorsqu’il faut solder le prĂȘt. En effet, le bien immobilier Ă©tant acquis en France, l’achat et la revente du bien immobilier se font en euro, et donc indĂ©pendamment de la devise utilisĂ©e pour le prĂȘt.

    Voici un exemple :

    Pour le financement d’un appartement en zone frontaliĂšre française en Haute-Savoie d’un montant de 300 000 euros et un taux de change euro CHF actuel Ă  1.08, vous aurez une dette envers la banque en francs suisses de 324 000 CHF.

    Supposons que vous revendiez le bien immobilier Ă  300 000 euros (ce qui reste encore Ă  dĂ©montrer, mais au moins ici on suppose qu’il n’y aucune spĂ©culation immobiliĂšre), avec cette fois un taux de change euro CHF de 1 pour 1 (1 euro = 1 franc suisse). Dans ce cas, vous rembourserez 300 000 CHF, et il vous manquera donc 24 000 CHF pour solder votre prĂȘt. Dans une telle situation, soit vous ne faites pas l’opĂ©ration, soit vous la faites mais avec une dette importante. Or, dans certaines situations (un divorce difficile par exemple…) vous n’aurez peut-ĂȘtre pas toujours le choix et revendrez Ă  perte, avec une dette sur un emprunt Ă  payer Ă  la banque pour un bien que vous ne possĂ©dez plus.

    Dans cet exemple, la variation du taux de change est certes importante. Mais sur une durĂ©e d’emprunt qui est en gĂ©nĂ©ral de plusieurs annĂ©es, on ne peut prĂ©voir l’évolution du cours de change. Par ailleurs, ce risque de change se cumule au risque de baisse de la valorisation du bien immobilier (qui peut arriver selon les pĂ©riodes oĂč on achĂšte et revend son appartement ou sa maison), ce qui fait peser un risque supplĂ©mentaire sur l’opĂ©ration.

    Raison #2 – Souscrire un prĂȘt en devise pour un bien destinĂ© Ă  la location

    Si vous souhaitez souscrire un prĂȘt en devise pour l’achat d’un bien immobilier que vous souhaitez louer (investissement locatif), la souscription d’un crĂ©dit immobilier en devises n’est probablement pas la bonne solution.

    En effet, le droit français impose que les contrats de location fixent le montant des loyers en euros et qu’ils soient Ă©galement payĂ©s en euros. En clair, il est totalement interdit de louer un bien immobilier en France et que le loyer soit exprimĂ© et payĂ© en francs suisses (dans la pratique, certains frontaliers le font, mais ils sont hors la loi). Du coup, cela signifie que vous allez supporter le risque de change entre le montant en euro que vous versera votre locataire, et le montant en franc suisse que vous devrez rembourser Ă  la banque. Dans ce cas, il est trĂšs clair que l’intĂ©rĂȘt initial du prĂȘt en devises (supprimer tous les mois le risque de change) est « anĂ©antis » par ce montage : autant donc souscrire directement un prĂȘt en euro.

    Raison #3 – En cas de dĂ©cĂšs ou d’invaliditĂ©, les assurances emprunteur en euros vous exposent au risque de change

    Une assurance emprunteur est exigĂ©e par la banque pour couvrir le bien en cas de dĂ©cĂšs ou d’invaliditĂ© du ou des emprunteurs. Certaines banques proposent des assurances emprunteur en euros. Cela signifie qu’en cas de de dĂ©cĂšs, de perte totale et irrĂ©versible d’autonomie, d’incapacitĂ© ou d’invaliditĂ©, l’assurance emprunteur sera activĂ©e pour prendre le relais et procĂ©der au remboursement.

    Sauf qu’entre le moment oĂč vous avez souscrit votre prĂȘt avec une assurance emprunteur en euro et le moment oĂč l’assurance emprunteur s’active, le taux de changer euro CHF aura changĂ©. S’il a changĂ© en votre dĂ©faveur (si le franc suisse s’est apprĂ©ciĂ© face Ă  l’euro) cela signifie que les remboursements en euros de l’assurance emprunteur ne couvriront pas la dette en francs suisses que vous aurez envers la banque qui vous a prĂȘtĂ© de l’argent. Certaines assurances emprunteur sont en CHF, mais elles sont rares.

    Si nous reprenons notre exemple d’une acquisition immobiliĂšre Ă  300 000 euros avec un taux de change euro CHF de 1.08, la dette que vous aurez envers la banque en francs suisses sera de 324 000 CHF. En cas de dĂ©cĂšs, l’assurance emprunteur prise en euros remboursera 300 000 euros. Si au moment du dĂ©cĂšs le taux de change euro CHF est Ă  1, vous percevrez alors 300 000 CHF. Il manquera donc 24 000 CHF au conjoint survivant pour solder la dette. Plus prĂ©cisĂ©ment, il devra continuer Ă  la rembourser.

    Raison #4 – La perte d’emploi, plus problĂ©matique quand on a un prĂȘt en devise et qu’on est frontalier

    Un frontalier qui se retrouve au chĂŽmage est indemnisĂ© par la France. Cette indemnisation est faite en euro, sur la base des revenus suisses. Si vous avez souscrit un prĂȘt en devise, vous devrez alors subir tous les mois le risque de change tant que vous serez au chĂŽmage.

    A cet effet de change vient s’ajouter le montant de l’allocation chĂŽmage, fortement rĂ©duit par rapport au salaire que vous aviez dans l’entreprise suisse : c’est ce double effet (risque de change et allocation faible) qui est dangereux et pose problĂšme, et ce d’autant que vous avez fait un montage au maximum de votre capacitĂ© d’emprunt (ou de votre taux d’endettement). Et dans cette situation, impossible de racheter le prĂȘt (en supposant que cela soit une option intĂ©ressante compte tenu des conditions de taux de change et de taux), car aucune banque ne prĂȘtera de l’argent Ă  une personne qui se trouve au chĂŽmage…

    Raison #5 – Le rachat de prĂȘt peut ĂȘtre impossible selon l’évolution du taux de change

    Dans la vie d’un prĂȘt, il peut arriver qu’on souhaite renĂ©gocier son taux (par exemple, actuellement, les taux Ă©tant particuliĂšrement bas, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de les renĂ©gocier). Si votre prĂȘt en devise est rachetĂ©, le rachat se fait directement en francs suisses, sans passer par l’euro. En revanche, votre capital restant dĂ» (CRD), qui correspond au montant du prĂȘt en devise que vous devez encore rembourser, est lui converti en euro pour que la banque puisse connaĂźtre la contre-valeur et Ă©tablir le montant Ă  financer.

    Et c’est lĂ  que ça se complique car selon l’évolution du taux de change EUR CHF, le montant du rachat peut ĂȘtre supĂ©rieur Ă  la valeur initiale du bien : et dans ce cas, aucune banque ne vous suivra. Nous avons dĂ©crit en dĂ©tail ce dispositif dans un article sur les 5 choses importantes Ă  vĂ©rifier avant de faire un rachat de prĂȘt en devise.

    Voici un exemple : prenons toujours le mĂȘme bien immobilier achetĂ© 300 000 euros avec le taux de change de 1.08 soit un emprunt de 324 000 CHF. Si vous souhaitez racheter votre prĂȘt (du moins le CRD), la banque va vĂ©rifier ce que valent les 324 000 CHF par rapport Ă  la valeur d’acquisition de votre bien. Si le change passe Ă  la paritĂ© euro franc suisse, votre dette Ă©quivaut Ă  324 000 euros. Soit 24 000 euros de plus que la valeur initiale du bien.

    Pour un bien immobilier de cette valeur, financĂ© sur 25 ans, au taux de 1,45%, il faut, avec les conditions actuelles, Ă  peu prĂšs 28 mois pour amortir ces 24 000 euros. En clair, l’effet de change – certes important dans cet exemple – anĂ©antit l’équivalent de plus de 2 ans d’amortissement du prĂȘt immobilier. Selon l’effet du taux de change, et le moment oĂč vous souhaitez effectuer votre rachat, ce dernier peut ĂȘtre soit impossible, soit finalement peu intĂ©ressant puisque vous ne bĂ©nĂ©ficiez pas de l’amortissement Ă  plein.

    Raison #6 – Sur la durĂ©e moyenne de dĂ©tention des biens immobiliers, prĂȘts en devises et prĂȘt en euro se valent presque

    Quand on va voir son banquier pour souscrire un prĂȘt immobilier, on Ă©tablit en gĂ©nĂ©ral l’ensemble de ses calculs et de son raisonnement sur la durĂ©e totale du prĂȘt (15 ans dans le meilleur des cas, 20 ou 25 ans dans la plupart). C’est une erreur car la durĂ©e moyenne de dĂ©tention d’un bien immobilier, c’est 7 ans selon les statistiques. Si on regarde le capital restant dĂ» Ă  cette date (car c’est bien le capital restant qu’on va devoir rembourser), Ă  la fois pour un prĂȘt en devise et pour un prĂȘt en euro, on a :

    • Pour un prĂȘt en euros qui permet de financer un bien à 300 000 euros sur 25 ans, les conditions de taux sont Ă  3%. On aura alors un capital restant dĂ» (CRD) dans 7 ans de 235 238 euros (hors assurances, mais cela n’a pas d’impact sur le calcul)
    • Pour un prĂȘt en francs suisses qui permet de financer un bien à 300 000 euros sur 25 ans, les conditions de taux sont Ă  1,35%. On aura alors un capital restant dĂ» dans 7 ans de 225 929 euros

    La diffĂ©rence, dans cet exemple, n’est “que” de 9 309 euros (compte tenu de la pĂ©riode, 7 ans, ce n’est pas grand chose, et surtout, les conditions des taux en euros sont basses et donc trĂšs compĂ©titive dans l’absolu). Si on tient compte des variations du taux de change (on a vu dans l’exemple ci-dessous ce que cela pouvait impliquer), et de l’ensemble des risques que nous avons Ă©voquĂ©s ici, on peut sĂ©rieusement se demander s’il est intĂ©ressant de souscrire un prĂȘt en devise…

    Conclusion

    Cet article n’a qu’une seule ambition : vous faire rĂ©flĂ©chir sur l’intĂ©rĂȘt de souscrire un prĂȘt en devise VS l’intĂ©rĂȘt de souscrire un prĂȘt en euro.
    Actuellement, les conditions du marchĂ© sont telles que les prĂȘts en euros sont probablement presque aussi intĂ©ressants que les prĂȘts en devises pour frontalier, mais il sont surtout beaucoup moins risquĂ©s. Le problĂšme c’est que beaucoup d’acteurs financiers poussent les frontaliers vers ce type de prĂȘt, et c’est probablement une erreur.

    Mon conseil est donc le suivant : avant de souscrire un prĂȘt immobilier en devise, pesez bien le pour et le contre ou mieux encore : passez par notre partenaire qui vous aidera Ă  choisir le bon type de prĂȘt fera pour vous les calculs et vous dĂ©nichera les meilleures conditions !

    CrĂ©dit photo : © Gina Sanders – Fotolia.com

    Rubrique

    David Talerman

    Spécialiste de l'expatriation et de l'emploi en Suisse, je suis l'auteur du livre Travailler et Vivre en Suisse. Suivez-moi sur Instagram, LinkedIn, Facebook. Suivez notre actualité grùce à notre newsletter.

    12 rĂ©flexions sur “6 bonnes raisons de ne PAS souscrire de prĂȘt en devise”

    1. Vous partez du principe que le taux de change restera toujours avantageux, mais s’il remonte par exemple vers les 1 euro = 1,20 CHF, avoir souscrit Ă  un prĂȘt en devises maintenant sera avantageux, n’est-ce pas?

      Dans le cas d’un prĂȘt de peu d’argent (disons 70.000 euros), et sur 10 ans par exemple, il y a beaucoup moins de risques je pense. (c’est mon cas)

      1. Bonjour Lucas,
        De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je dĂ©conseillerai de considĂ©rer le prĂȘt en devise comme un outil dĂ©tournĂ© de spĂ©culation sur le franc suisse. Ce que vous dites est exact, mais personne ne peut prĂ©voir l’avenir. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, j’ai tout de mĂȘme tendance Ă  dire que le franc suisse reste une monnaie “refuge”, et l’euro, une monnaie qui, du moins Ă  moyen terme, risque de perdre de sa valeur. Et effectivement, plus le montant du prĂȘt est rĂ©duit, plus le risque est faible.

    2. 1 raison de souscrire 1 prĂȘt en francs suisse: si l’euro augmente vos mensualitĂ©s reprĂ©sentent toujours le mĂȘme pourcentage de votre salaire et vous ne risquez pas le surrendettement

      1. Bonjour Mickael,
        C’est vrai, mais quoi que vous fassiez (prĂȘt en devises ou en euro), vous prendrez de toute façon un risque de change : dans le cas que vous dĂ©crivez, vous prenez le risque de change Ă  la revente, et cela porte parfois sur des montants trĂšs importants qui, comme indiquĂ© dans l’article, rendent simplement impossible la transaction immobiliĂšre… Non, ce n’est pas un choix facile.

        1. En effet, les 2 solutions prĂ©sentent des avantages et des inconvĂ©nients. Personnellement, je recommanderais de faire la moitiĂ© de son emprunt en francs suisses et l’autre en euros pour mitiger le risque.

    3. Je remonte ce post. J’ ai fait un prĂȘt en francs suisse Ă  1,2 chf pour 1 euros. Aujourd’hui le taux de change est Ă  1,0779 depuis l’abandon de la BNS du taux plancher. Le montant du remboursement de mon prĂȘt en francs suisse reste le mĂȘme. Cela veut t-il dire que je suis bien en train de rembourser mon bien en euros bien plus cher? Que faire?

    4. Bonjour David,
      Je suis prĂ©cisĂ©ment dans ce dilemme, nous sommes en ce moment Ă  un taux de 1,08, et je dois emprunter 500000€, selon moi le taux de chance ne peux qu’augmenter, je ne prends donc « aucun » risque Ă  faire ce prĂȘt en devise plutĂŽt qu’en €uros non..?

      1. Bonjour Jack,
        Ma rĂ©ponse est dans l’un de mes conseils.
        Je ne crois pas qu’on puisse prĂ©voir ce que sera le taux de change dans 5 ou 10 ans. Il peut se passer beaucoup de choses.
        Selon moi vous prenez un trĂšs gros risque au contraire, car en plus des variations de taux viennent se greffer les problĂ©matiques suivantes : si pour une raison ou une autre vous devez vendre votre bien, et que le taux vous est dĂ©favorable, vous pouvez potentiellement perdre de l’argent ou ne pas pouvoir vendre le bien.
        Mon conseil serait plutĂŽt de mixer les prĂȘts : la plus grande partie en euros, l’autre partie (plus petite) en CHF.

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