Ils sont 11000. 11000 Annéciens, à se rendre chaque jour au travail à Genève, un chiffre chaque année plus important. L’attractivité croissante de la pointe du Léman ne va pas sans susciter congestion du trafic et difficulté à se garer. Les autorités française et genevoise ne prenant pas la mesure du phénomène, c’est aux frontaliers annéciens qu’il revient de construire des solutions de décongestion, au premier rang desquels la généralisation du co-voiturage.
L’initiative eMgage créée par quelques frontaliers annéciens se donne pour ambition de rassembler les frontaliers du Grand Annecy et proposer des actions et solutions concrètes pour résoudre ces problèmes de trafic quotidien.
5% du trafic en moins permettrait de résorber les embouteillages
Deux fois par jour à Bardonnex se produit une étrange procession. Plus de 4000 véhicules par heure franchissent au pas le poste-frontière, pour basculer le matin vers Genève, le soir vers l’A 41. Parmi celles-ci, plusieurs milliers amèneront leurs passagers 35 kilomètres plus au Sud jusqu’à Annecy.
L’autoroute qui va fêter ses 10 ans fin 2018 affiche plus de 20.000 véhicules par jour. 80% des frontaliers annéciens qualifient ainsi leur trajet domicile-travail de (fortement) embouteillés. Conséquence de cette congestion chronique : un allongement des trajets d’une vingtaine de minutes en moyenne, imputable aux ralentissements du passage de la frontière mais aussi des entrées et sorties d’autoroute.
La lente parade des automobilistes n’a pourtant rien d’une fatalité. Une diminution du trafic de seulement 5 à 7% suffirait à résorber les embouteillages de Bardonnex. Cet objectif n’a rien d’inatteignable, à condition de coordonner les efforts. Un vaste faisceau de solutions est envisageable, allant du renforcement de l’offre de transport en commun à la généralisation du covoiturage en passant par la construction d’infrastructures dédiées comme une voie réservée aux covoitureurs frontaliers.
Nécessité d’un mouvement citoyen
S’il n’y a pas de fatalité à ce problème d’engorgement, il est peu probable aujourd’hui que les pouvoirs publics viennent au secours des frontaliers. À cet égard, le manque de vigueur des projets de constitution du Grand Genève n’augure rien de bon quant à la volonté des autorités française et genevoise à coconstruire des solutions.
C’est donc aux frontaliers annéciens qu’il revient de se structurer afin de prendre en main les conditions de leurs trajets quotidien. Cet effort de structuration depuis la base des usagers doit viser à la généralisation de solutions adaptées aux besoins de chacun. Il doit également permettre de constituer un levier de pression sur les décideurs publics des deux côtés de la frontière, propre à les pousser à s’engager concrètement pour le bien-être de travailleurs frontaliers.
Co-voiturer, une solution sous-exploitée
Au premier rang des solutions aux bouchons de frontaliers figure le covoiturage. Sa pratique se développe grâce à Blablacar ou aux différents groupes WhatsApp qui permettent chaque jour à plusieurs centaines d’Annéciens de prendre place dans la voiture d’un particulier se rendant à Genève. Le gain financier du covoiturage est substantiel.
Quand un trajet Annecy-Genève coûte environ 11-12€ en péage et en carburant à un automobiliste seul, covoiturer permet de ramener ce coût par personne de 4 à 6€. À raison de 230 jours travaillés par an et de deux trajets par jours, les frontaliers covoitureurs économisent donc plus de 2500 euros par an !
Pour autant, la solution du covoiturage demeure largement sous-exploitée. Le taux de remplissage constaté à la frontière se situe dans une fourchette moyenne de 1,1 à 1,3 occupants par véhicule. Les freins usuellement évoqués pour expliquer la faible proportion de covoitureurs (liberté, tranquillité, manque de temps…) peuvent être levés, à condition de produire un effort de coordination et de communication. En étant plus nombreux, les bénéfices collectifs (temps de parcours, pollution) et individuels (coût, stress, …) feront la différence que nous attendons tous.
eMgage, se structurer dans l’intérêt général
Initié par des frontaliers annéciens, le mouvement citoyen eMgage se donne comme objectif d’améliorer le trafic et la mobilité des frontaliers sur l’axe Grand Annecy – Genève. Le collectif a lancé une enquête disponible ici (lien plus disponible), dont les résultats permettront d’avoir une meilleures connaissance des trajets, pratiques, regards sur le covoiturage, et des attentes des frontaliers. Cette enquête a déjà recueilli 200 réponses, et ambitionne d’atteindre les 1 000, soit 10% des personnes concernées.
Sa vocation : agréger les témoignages, base d’une bonne compréhension des besoins des usagers, afin que la voix des milliers de frontaliers annéciens compte dans le débat public et que des mesures adéquates soient enfin prisent contre l’engorgement du trafic.
Soyez acteur de votre mobilité et prenez part à cette enquête qui ne prend que quelques minutes. Collectivement, nous avons la capacité de changer notre quotidien. En prenant en compte les avis du plus grand nombre, nous pourrons agir concrètement.