L’étude sur les salaires en Suisse de l’Office fédéral de la Statistique vient de sortir ses nouveaux chiffres actualisés pour 2011. Au global, tous secteurs et profils confondus (Suisses, étrangers au bénéfice d’un permis de travail B, frontalier…), le salaire brut mensuel médian en Suisse est à 5 979 francs suisses. Cela signifie que la moitié des salariés en Suisse gagnent plus… et l’autre moins.
Une répartition des salaires en Suisse très inégale
Alors que les salariés qui font partie des 10% qui sont les mieux payés ont touché un salaire supérieur à 10 800 francs suisses, les salariés qui font partie des 10% qui sont les moins bien payés ont touché un salaire inférieur à 3 960 francs suisses. Par ailleurs, la hausse des salaires, a bien plus bénéficié aux hauts revenus qu’aux bas revenus : en 10 ans, les salaires ont augmenté de près de 12,5% pour les hauts revenus, et seulement de 9% pour les faibles revenus.
Par ailleurs, les niveaux de salaires sont très différents d’un secteur d’activité à l’autre. Les secteurs dont les salariés bénéficient des meilleurs salaires sont (par ordre décroissant) :
- le secteur bancaire et financier
- l’industrie pharmaceutique
- l’administration
- le secteur des télécommunications
- le secteur de la recherche et développement (R&D)
Pour ces secteurs, le salaire brut médian varie de près de 8 500 francs suisses à près de 9 360 francs suisses bruts mensuels.
Parmi les secteurs qui paient le plus mal, tous postes confondus, leurs salariés, on trouve (par ordre décroissant) :
- le secteur de l’industrie textile et de l’habillement
- le commerce de détail
- l’hôtellerie-restauration
- les services à la personne
Pour aucun de ces secteurs la rémunération brute médiane ne dépasse les 4 900 francs suisses. Pour les services à la personne, le salaire brut médian est même inférieur à 3 700 francs suisses.
Une inégalité entre secteurs d’activité encore plus frappante pour les emplois les plus qualifiés
Les différences de salaires entre employés qualifiés de différents secteurs sont encore plus marquées : alors que dans l’industrie du tabac, les employés les plus qualifiés gagnent jusqu’à 22 000 francs suisses par mois, ceux du secteur de la Construction ne gagnent qu’un peu plus de 8 100 francs suisses.
La part des personnes ayant des faibles salaires baisse
En 2008, un peu moins de 12,5% des salariés en Suisse percevaient un salaire inférieur à 4 000 francs suisses bruts par mois. En 2010, cette part a baissé et est passé à un peu plus de 10,5%. Toutefois, les bas salaires sont plus ou moins importants selon le secteur d’activité. Par exemple, les salaires bas (inférieurs à 4 000 francs suisses bruts annuels) concernent :
- près de 44% des employés de l’hôtellerie-restauration
- 58% des employés du secteur des services à la personne
- près de 22% des employés du secteur du commerce de détail
- 2,9% des salariés de l’industrie chimiqueun peu plus de 1% des salariés du secteur des télécommunications
Les salaires des cadres supérieurs sont en baisse par rapport à 2008
En 2010, les cadres supérieurs les mieux rémunérés touchaient un salaire supérieur à 22 700 francs suisses par mois, tous secteurs confondus. En 2008, ce salaire était de 24 000 francs suisses environ. Selon les secteurs d’activité, les différences sont également significatives, puisque le salaire d’un cadre supérieur était en 2010 :
- supérieur à 46 300 francs suisses bruts mensuels dans l’industrie du tabac
- supérieur à 42 600 francs suisses bruts mensuels dans le secteur de la banque et de la finance
- supérieur à 43 100 francs suisses dans le secteur de l’industrie pharmaceutique
Les bonus : de plus en plus de salariés en Suisse les touchent
Les bonus, c’est une rémunération variable qui vient récompenser, en principe, certains salariés qui atteignent leur objectifs ou qui sont les plus méritants. En Suisse, plus de 30% des salariés ont touché un bonus en 2010 (contre un peu plus de 21% en 2008).
En moyenne, le bonus versé aux salariés en 2010 a été d’un peu plus de 13 100 francs suisses. Mais si plus de salariés touchent un bonus, le montant versé semble avoir baissé puisqu’en 2008, le bonus moyen était d’un peu plus de 15 200 francs suisses.
Du côté des secteurs, les salariés qui touchent des bonus ne sont pas tous traités de la même manière : par exemple, dans la métallurgie, le bonus annuel moyen est d’un peu plus de 4 000 CHF, alors qu’il est de 35 700 francs dans les banques, ou d’un peu plus de 15 800 francs suisses dans le secteur de la R&D.
Les travailleurs étrangers qui résident en Suisse gagnent plus que les travailleurs suisses
Les travailleurs étrangers titulaire d’un permis de résidence ou d’établissement (permis B, L ou C) gagnent en moyenne plus que les travailleurs suisses. En moyenne et tous secteurs confondus, le salaire d’une personne de nationalité suisse est d’un peu plus de 11 000 francs suisses, contre 12 300 pour les titulaires d’un permis C, 13 600 francs suisses environ pour un titulaire d’un permis B, et 15 100 francs suisses pour un titulaire d’un permis L. En revanche, les travailleurs frontaliers gagnent moins que les travailleurs suisses en moyenne, et tous niveaux de qualification confondus (le salaire d’un frontalier est d’un peu plus de 10 900 francs suisses).
Notre analyse
Ces indications de salaire sont à prendre pour ce qu’elles sont : des indications moyennes, qui ne tiennent pas forcément compte des spécificités locales ni de l’environnement de l’entreprise (dans un même secteur d’activité, les PME paieront en général leurs employés moins qu’un grand groupe). Toutefois, c’est un bon indicateur qui permet de se situer, et de pouvoir juger une offre qui est faite.
Source : communiqué de presse de l’OFS “Résultats de l’enquête suisse sur la structure des salaires 2010” (pdf).