Doris Leuthard, la ministre de l’économie en Suisse, semble vouloir remettre en cause une partie des accords bilatéraux, accord qui facilitent le travail des Français et ressortissants de l’Union européenne en Suisse.
Les accords bilatéraux : une avancée considérable pour les travailleurs étrangers…
Depuis quelques années, un grand pas a été fait, avec la signature des accords bilatéraux entre la Suisse et la France (ainsi que les autres pays de l’Union européenne et de l’AELA), qui facilite l’accès au marché du travail suisse aux travailleurs étrangers. Ces accords prévoient, pour le volet “emploi”, une libre circulation des personnes, qui se traduit notamment par :
- la fin des quotas : auparavant, les permis de résidents (permis B et L) étaient limités par des quotas, ce qui permettait de limiter mécaniquement le nombre de travailleurs étrangers en Suisse (ceq quotas ne concernent pas les permis de travail pour frontaliers, permis G )
- la fin du protectionnisme du travail : une entreprise suisse peut aujourd’hui librement recruter un candidat ressortissant de l’Union européenne et de l’AELE : l’attribution du permis est une formalité, et est automatique dès lors que le candidat a une promesse d’embauche ou a signé un contrat de travail.
Ces accords représentent une avancée considérable qui facilite la vie des étrangers qui postulent en Suisse, et aussi des entreprises suisses qui veulent recruter.
… qui pourraient être remis en cause par une déclaration inquiétante
Doris Leuthard, la conseillère fédérale (ministre de l’économie) a fait hier une déclaration inquiétante : elle a indiqué qu’elle pensait que, compte tenu de la crise, plus d’étrangers retourneraient chez eux. Elle a même parlé d’erreur, en indiquant que la clause de sauvegarde n’avait pas été activée l’an passé (la clause de sauvegarde permettait à la Suisse de réduire le nombre des travailleurs étrangers en Suisse.
Cette clause était prévue par les accords bilatéraux, mais n’a pas été activée). Le gouvernement suisse va donc analyser plus finement les entrées d’étrangers en Suisse et voir s’il est possible d’activer la clause de sauvegarde pour 2010 et 2011, ce qui limiterait donc les possibilités de travail en Suisse pour les ressortissants de l’Union européenne et de l’AELE.
Ce discours tranche avec celui tenu par la même conseillère il y a quelques mois (voir le billet sur le blog de David Talerman “Pourquoi la Suisse s’en tire-t-elle aussi bien ? ” du 24 septembre 2008
Ce discours intervient après la déclaration du SECO (Secrétariat d’Etat à l’Économie) qui demande aux entreprises suisses de recruter du personnel local (Suisses et étrangers travaillant déjà sur place).
Tous les secteurs d’activité ne sont pas concernés
Tous les secteurs d’activités ne sont pas concernés de la même manière : la Santé, l’industrie pharmaceutique , la R&D sont en recherche continuelle de main d’œuvre, car le secteur n’arrive pas à recruter localement. Les moins concernées sont bien sûr les personnes ayant des qualifications élevées.
Source : RSR et Travailler-en-Suisse.ch