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Les travailleurs frontaliers de l’Arc jurassien suisse : qui sont-ils ?

Lorsqu’on évoque les travailleurs frontaliers, on parle souvent des frontaliers à Genève ou dans le canton de Bâle. Ceux qui travaillent dans le canton du Jura ou de Neuchâtel sont un peu moins connus, et les bassins d’emploi de Belfort, Morteau, Montbéliard, Pontarlier ou Saint-Claude n’ont rien à envier à la région genevoise, et proposent de nombreuses opportunités d’emploi aux travailleurs frontaliers , principalement dans l’industrie.

Une étude menée par l’OSTAJ (Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien) nous permet d’en savoir un peu plus sur les travailleurs frontaliers de cette zone géographique. En voici une synthèse.

L’emploi dans l’Arc jurassien

L’Arc jurassien rassemble les cantons du Jura, de Neuchâtel, ainsi qu’une partie du canton de Berne et du canton de Vaud. En 2008, derniers chiffres connus, on comptait 566 500 emplois. 27% des emplois sont issus du secteur secondaire (industriel), ce qui est légèrement supérieur à la moyenne suisse (25%). Le secteur tertiaire représente 68% des emplois, et le Bâtiment (construction) représente un peu plus de 6,5% des emplois.
44% des emplois de l’industrie de l’Arc jurassien concernent 3 secteurs : l’industrie horlogère, très présente, la métallurgie et la fabrication de machines d’équipement.
Les frontaliers de l’Arc jurassien occupent 6% des emplois totaux et représentent 33 400 personnes. Tous les cantons ne sont pas impactés de la même manière : dans le canton du Jura, 15% des emplois sont occupés par des frontaliers. Dans le canton de Neuchâtel, ce taux est de 9%, et de 5% dans le canton de Vaud. Dans la partie Nord du canton de Berne, ce taux n’est que de 1%.

Les frontaliers occupent 11% des emplois industriels de l’Arc jurassien

11% des emplois industriels de l’Arc jurassien sont occupés par des frontaliers. Ce sont dans les secteurs de l’horlogerie et de l’équipement électrique que les frontaliers travaillent le plus (16% des employés de ce secteur sont frontaliers).
Les secteurs de la construction (bâtiment) et du commerce emploient pour leur part environ 6% des frontaliers. Le secteur tertiaire (secteur des services) n’emploie que 4% de frontaliers.

Côté France, l’emploi transfrontalier est d’une importance majeure sur le plan local, puisque près de 35% des personnes habitant dans le bassin d’emploi de Morteau, et 23% du bassin d’emploi de Pontarlier travaillent dans un canton de l’Arc Jurassien.

Pour Saint-Claude, ce taux est de 12%. En revanche, pour Montbéliard et Belfort, l’emploi frontalier ne concerne que 3% des actifs.
Enfin, sur les 122 000 couples qui vivent en France en Franche-Comté, 10% ont au moins un des conjoints qui travaille en Suisse dans l’Arc jurassien.

Le profil type du frontalier habitant en Franche-Comté et travaillant en Suisse

Lieu d’habitation et de travail

Les frontaliers de cette zone sont proches de la frontière : plus de 80% des frontaliers vivent à moins de 14 km de la frontière franco-suisse.

On distingue clairement 2 zones côtés français :

  • la partie nord, avec les zones d’emploi de Montbéliard et Belfort, avec des frontaliers qui travaillent principalement dans les districts de Delémont et de Porrentruy,
  • la partie Sud, avec des frontaliers habitant à Morteau et travaillant au Locle et à la Chaux-de-Fonds principalement, et des frontaliers habitant à Pontarlier et Saint-Claude travaillant principalement dans le Jura vaudois (nord du canton de Vaud).

Des frontaliers principalement ouvriers, jeunes, et qui travaillent dans l’industrie

L’étude a permis de mettre à jour des différences significatives entre les frontaliers et les personnes habitant et travaillant en France. Ces caractéristiques sont les suivantes :

Les travailleurs frontaliers de Franche-Comté sont en général plus jeunes que ceux travaillant en France : 75% d’entre-eux ont entre 20 et 44 ans, alors que les actifs en France ne sont que 60% dans cette tranche d’âge. Les femmes frontalières sont par ailleurs plus jeunes, en moyenne que les femmes actives en France.

Le secteur industriel est clairement sur-représenté puisque près de 2 tiers des frontaliers travaillent dans ce secteur (ils ne sont qu’un tiers à travailler dans ce secteur en France dans la même zone en Franche-Comté). Les analystes expliquent cette proportion par le poids prépondérant de l’industrie horlogère dans la région : en Suisse, dans l’Arc jurassien, l’horlogerie emploie 30% des transfrontaliers, contre 1% seulement en France.

Si on analyse le secteur tertiaire (secteur des services), on constate que les branches de la Santé et du médico-social emploient proportionnellement plus de personnes en Suisse qu’en France. La tendance est en revanche inversée pour les branches de l’enseignement et de l’administration publique : un quart des personnes de Franche-Comté travaillent dans ce secteur, contre seulement 3% des frontaliers qui occupent un tel emploi en Suisse.

Côté suisse, plus de 60% des emplois ouvriers sont occupés par des frontaliers. En France, les ouvriers ne représentent que 30% des emplois environ. Pour ces mêmes ouvriers, on constate cependant que le niveau de qualification est légèrement supérieur en Suisse qu’en France, puisque 58% des ouvriers sont qualifiés en Suisse, contre 53% en France.

Pour les emplois les plus qualifiés, on constate la tendance inverse : alors que 7% des frontaliers en Suisse ont un poste d’encadrement en Suisse, on constate qu’en France, cette part d’emplois cadres est de 11%. Enfin, en France, on observe 26% de personnes ayant le statut d’employé, contre seulement 11% en Suisse.

Un niveau de formation plus élevé pour les ouvriers qui travaillent en Suisse

39% des ouvriers frontaliers en Suisse sont au bénéfice d’un diplôme professionnel (CAP ou BEP), contre 31% seulement pour les ouvriers travaillant en France. Ils sont en revanche 13% de frontaliers à avoir un baccalauréat (professionnel ou technologique), contre 11% seulement côté France.

C’est l’inverse pour les frontaliers qui possèdent un diplôme universitaire supérieur : en Franche-Comté, les personnes ayant un diplôme universitaire (2ème ou 3ème cycle) sont plus de 2 fois plus nombreuses en proportion que les frontaliers de l’Arc jurassien. Cependant, ces chiffres traduisent une réalité économique difficile : 14% des frontaliers qui bénéficient d’un diplôme de 2ème ou 3ème cycle sont des ouvriers, alors qu’ils ne sont que 3% en France à être dans ce cas…

Les caractéristiques qui peuvent favoriser le fait d’être frontalier

Une étude statistique a permis de déterminer les critères qui caractérisent le plus les travailleurs frontaliers de l’Arc jurassien. Ces caractéristiques sont les suivantes :

Age : les frontaliers ont majoritairement moins de 44 ans (et entre 25 et 34 ans pour les femmes), ils travaillent majoritairement dans l’industrie.

Secteurs d’activité et métiers : les hommes qui travaillent dans le secteur du bâtiment ont plus de chances d’être frontaliers. Pour les femmes, ce sont les secteurs de la Santé et de l’action sociale qui les accueillent le plus.

Les ouvriers qui vivent dans cette zone sont plus souvent frontaliers (environ 2 fois plus) que les personnes qui occupent d’autres professions.

Couple : si votre conjoint est frontalier, la probabilité de l’être également est augmentée. En effet, les personnes qui travaillent dans la partie sud (Nord du canton de Vaud) ont 3 fois plus de chance d’être elle-même frontalière lorsque leur conjoint est déjà frontalier. En revanche, lorsque dans un couple le mari travaille en France, la femme a 2 fois moins de chance de devenir frontalière.

Les diplômes : pour une femme qui travaillent dans la partie Sud, le fait d’avoir un diplôme universitaire augmente de 30% ses chances de devenir frontalière (par rapport à une personne qui n’aurait qu’un BEP ou un CAP). En revanche, pour les hommes, les chances sont égales, quel que soit le diplôme.

Sexe : enfin, pour les personnes habitant dans la partie Nord, le fait d’être un homme réduit les chance d’être frontalier (ce qui signifie en réalité que dans cette partie il y a plus de femmes qui sont frontalières que d’hommes). Dans la partie sud, c’est l’inverse.

Source : Les travailleurs frontaliers franc-comtois dans l’Arc jurassien suisse par l’OSTAG (pdf)

David Talerman

Spécialiste de l'expatriation et de l'emploi en Suisse, je suis l'auteur du livre Travailler et Vivre en Suisse. Suivez-moi sur Instagram, LinkedIn, Facebook. Suivez notre actualité grâce à notre newsletter.

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