Les salaires suisses ont augmenté de plus de 13% en 10 ans dans le privé

D’après les derniers résultats publiés par l’Office fédéral de la Statistique, le salaire médian en Suisse est d’un peu moins de 6’120 francs suisses bruts par mois dans le secteur privé. Les salaires en Suisse ont ainsi augmenté de 3,2% depuis l’année 2010, et au total de 13,4% sur 10 ans. Le salaire en Suisse est actuellement un sujet très débattu dans le pays compte tenu de la prochaine votation sur le salaire minimum  à 4’000 francs, défendue notamment par les syndicats (le salaire minimum généralisé ou smic suisse n’existe pas).

Des écarts de salaires importants selon les secteurs et les profils

Les 10% de salariés les mieux payés ont perçu un salaire supérieur à 11’500 francs suisses par mois, alors que les 10% de salariés les moins bien payés ont pour leur part gagné moins de 3’900 francs suisses.

Par ailleurs, il existe de très forte différences de rémunération selon les secteurs économiques. Voici un aperçu de ces différences :

Secteurs proposant des salaires plus élevés que la moyenne (salaires exprimés en bruts mensuels) :

• Banques : 9823 francs suisses
• Industrie pharmaceutique : 9775 francs suisses
• Activités de sièges sociaux et de conseil de gestion : 9032 francs suisses
• Industrie du Tabac : 8939 francs suisses
• Recherche & Développement : 8905 francs suisses

Secteurs proposant des salaires équivalents à la moyenne :

• Santé : 6186 francs suisses
• Construction : 6024 francs suisses
• Métallurgie : 5766 francs suisses

Secteurs proposant des salaires plus bas que la moyenne :

• Services à la personne : 3887 francs suisses
• Hôtellerie : 4230 francs suisses
• Restauration : 4272 francs suisses
• Commerce de détail : 4691 francs suisses

Dans notre exemple, les secteurs qui rémunèrent le mieux, le salaire est plus de 2,5 fois supérieur à ceux qu’on trouve dans les secteurs qui rémunèrent le moins. Je remarque que depuis plusieurs années, ce classement ne change guère, et que les différences entre moins bon et meilleur secteur s’amplifient. Certes, les niveaux de salaire ont effectivement augmenté dans toutes les branches.

Cette différence salariale existe également sur la durée : pour les 10% de salariés ayant les meilleurs salaires, l’augmentation de salaire moyenne a été de plus de 22% en 10 ans, contre seulement un peu plus de 9% pour les 10% de salariés les moins bien payés.

Les secteurs qui emploient le plus de personnes ayant des bas salaires

Qu’est-ce qu’un bas salaire en Suisse ? un salaire est considéré comme bas ou faible en Suisse lorsqu’il représente moins des 2/3 du salaire médian, soit un peu moins de 4080 francs suisses par mois (nomenclature fixée par l’Office fédéral de la Statistique). On  dénombre en Suisse près de 270’000 postes à bas salaire, ce qui correspond à un peu moins de 340’000 personnes.

Les secteurs ayant la plus grande proportion de bas salaires en Suisse sont :

• les services à la personne : plus de 51% des salariés de la branche ont des salaires considérés comme bas
• l’hôtellerie : plus de 38%
• le commerce de détail : près de 20%

Le salaire des cadres en Suisse

Les rémunérations des cadres supérieurs et cadres dirigeants sont très variables d’un secteur d’activité à l’autre. A titre d’exemple, dans le secteur de la Restauration, il est d’un peu plus de 4 800 francs suisses, alors qu’il est de plus de 21 500 CHF dans l’industrie pharmaceutique.

Voici, pour informations, les salaires des cadres supérieurs dans quelques secteurs d’activité :

• Restauration : 4 815 francs suisses bruts mensuels
• Construction : 8 495 francs suisses
• Industrie des machines (MEM) : 11 955 francs suisses
• Télécommunication : 18 831 francs suisses
• Assurances : 19 925 francs suisses
• Industrie pharmaceutique : 21 528 francs suisses

Enfin, les 10% des cadres supérieurs les mieux payés sont concentrés dans quelques secteurs d’activité et ont en moyenne les rémunérations suivantes :

• la banque et services financiers :  52 151 francs suisses bruts mensuels
• la Recherche & Développement : 49 589 francs suisses
• le secteur des assurances : 43 281 francs suisses bruts mensuels

Le salaire des étrangers dans le secteur privé en Suisse

En moyenne, les salariés suisses sont mieux payés que les salariés étrangers. La différence varie considérablement selon le type de permis de travail :

• les frontaliers perçoivent en moyenne un salaire d’un peu moins de 5 900 francs suisses bruts par mois et sont la catégorie d’étrangers percevant la meilleure rémunération.
• les étrangers les moins bien payés sont les détenteurs d’un permis de courte durée (permis L), avec un salaire brut mensuel d’un peu moins de 4 700 francs suisses en moyenne.
• les étrangers détenteurs d’un permis B (permis de résidence) perçoivent en moyenne un salaire d’un peu plus de 5 550 francs suisses par mois.
• les titulaires d’un permis C (permis d’établissement délivré aux étrangers qui résident en Suisse depuis 5 ou 10 ans) sont pour leur part payés en moyenne un peu plus de 5 600 francs suisses bruts par mois.

Pour rappel, les Suisses perçoivent en moyenne un salaire de 6 369 francs suisses bruts par mois.

Si on rentre un peu dans le détails des rémunérations des étrangers, on constate, contrairement aux idées reçus, que certaines catégories d’étrangers sont mieux payés que leurs homologues suisses : ce sont notamment les étrangers ayant les meilleures qualifications et les plus hautes responsabilités.

Salaire moyen des personnes ayant les meilleures qualifications et les plus hautes responsabilité, par nationalité et type de permis :

• personne de nationalité suisse : 9 683 francs suisses
• étranger titulaire d’un permis G frontalier : 10 505 francs suisses
• étranger titulaire d’un permis B (résidence longue durée) : 12 726 francs suisses

Plus de 30% des salariés du secteur privé en Suisse touchent un bonus

Tous secteurs confondus, 30% des salariés du privé en Suisse ont touché un bonus (une rémunération variable qui est versée une seule fois par an, en général en mars ou avril). Ils n’étaient qu’un peu plus d’un quart il y a 10 ans : ce système de rémunération a donc tendance à se généraliser.

Dans les secteurs où les salaires sont les plus élevés, ce pourcentage est encore plus important : Par exemple, dans le secteur de la banque et de la finance, plus de 80% des salariés ont touché un bonus. Ils sont plus de 72% dans ce cas dans l’industrie pharmaceutique, et plus de 40% dans la R&D (Recherche & Développement).

Le bonus moyen s’élève à un peu plus de 11 100 francs suisses, même si une valeur moyenne n’a pas beaucoup de sens tant l’amplitude de rémunération des bonus est importante selon le secteur d’activité et l’entreprise. Voici quelques exemples de bonus moyens par secteur d’activité :

• Activités de siège sociaux et de conseil de gestion : 29 355 francs suisses
• Banque et Finance : 26 018 francs suisses
• Commerce de détail : 3 731 francs suisses

Secteur par secteur, ces chiffres sont également à relativiser car il existe des différences significatives d’un point de vue du bonus entre, par exemple, un salarié et un cadre supérieur (le rapport peu être de 1 à 10 voire plus).

Des écarts de salaires entre hommes et femmes encore importants en Suisse

Malgré les efforts mis en place par les autorités, les différences de traitement entre hommes et femmes sur la question du salaire en Suisse sont encore très importantes. L’écart de salaire est encore d’environ 19% entre hommes et femmes. Ces différences s’expliquent notamment par des niveaux de qualification différents, des responsabilités qui ne sont pas équivalentes et aussi par l’âge (qui, structurellement, n’est pas le même entre hommes et femmes). Si on opère une comparaison de profils équivalents, il subsiste encore de nombreux écarts. Fait intéressant : plus le niveau de qualification et la responsabilité du poste sont élevés, plus les différences de salaires sont marquées entre hommes et femmes.

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Note technique : dans cet article, nous parlons  de salaire moyen. En réalité, d’un point de vue statistique, il s’agit du salaire médian (un salaire médian de 6 120 francs suisses signifie que la moitié des salariés touche moins de 6 120 francs suisses et l’autre moitié touche plus : c’est le salaire qui divise la population en deux parties égales). Lorsqu’il y a un nombre important de données statistiques de valeurs très différentes (ce qui est le cas ici), la médiane est une bonne estimation de la moyenne, d’où l’utilisation du terme moyenne).

Source : Office fédéral de la Statistique